8.8.16

Episode 150: Avenir incertain


Félicité revenait auprès de sa mère en barque. Depuis peu, elle avait eu l'autorisation de l'utiliser, et elle aimait s'éloigner un peu plus que de coutume du château.

Elle attacha le bateau avec une corde solide au ponton, et elle entra à l'intérieur.

Dans la chambre, Vitae dormait encore, et elle sortit rapidement la pièce pour ne pas la réveiller.



Elle s'en alla dans la salle de bains pour se laver.

Du sel lui collait à la peau, mais aussi aux cheveux, puisqu'elle s'était baignée une grande partie de la journée.

Vivre au bord de la mer vous contraignait à vous laver plus souvent qu'on ne l'imaginait.


Puis elle s'en alla se coucher.

Elle avait finit par occuper le lit de la petite chambre en grandissant. Il était devenu plus difficile de dormir auprès de sa mère.

Notamment parce que l'air y était devenu lourd à cause de sa maladie. On se sentait mieux ailleurs, mais elle avait trop honte pour se l'avouer.


C'était là la routine qu'elles s'étaient installée.

Mais un beau matin, Vitae se réveilla aux aurores. Le ciel était encore rose, alors qu'elle avait pour habitude de dormir très tard le matin.

Elle avait étonnamment chaud, c'était sans doute la fièvre qui avait commencé à s'emparer d'elle.


Elle s'habilla, puis retomba sur le lit, épuisée.

Elle se sentait si mal ces derniers temps... Elle avait tout fait pour le cacher à sa fille. Elle ne voulait pas l'inquiéter.

Mais elle n'y arrivait plus. Son état empirait de jour en jour, elle savait que cela ne durerait plus très longtemps encore.


L'adolescente arriva, et s'assit près de sa mère.

"Ecoute, Félicité...
-Tu ne devrais pas parler, il faut garder tes forces."

Vitae secoua la tête. C'était inutile.

"Non, écoute-moi..."


"Tu vois bien que je suis malade...
-Nous allons trouver une solution.
-Depuis toutes ces années rien n'a pu y remédier. C'est inutile, je le sais bien.
-Ne dis pas n'importe quoi..."

Elle redressa un peu son oreiller, puis l'allongea sur le dos.


Elle posa ensuite une main sur son coeur, pour vérifier son pouls. Il était encore là, bien vivant.

"Tout va bien se passer... assura-t-elle.
-Tu devrais m'écouter Félicité."

Sa mère avait pris une voix grave, et elle fut obligée de la laisser parler.


"Je veux que tu t'en ailles...
-M'en aller?
-Je ne recouvrerai jamais la santé, je ne pourrai jamais partir d'ici. Je mourrai sur ce lit, je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps.
-Non, tu...
-Et je ne veux pas que tu gâches ta vie. Tu es restée trop longtemps ici. Je veux que tu partes, que tu trouves la terre ferme, le monde pour lequel je suis partie de chez moi...
-Pas tant que tu respireras."


Elle sourit à sa mère. C'était un sourire qui se voulait rassurant, mais Vitae savait qu'il était plutôt désespéré.

"Ne t'inquiète pas maman, j'ai les choses en mains... Repose-toi."

Elle se leva, et sortir de la chambre.


Elle monta tout en haut du château, dans la salle la plus haute. C'était là que se trouvaient tous les livres du domaine, et elle comptait bien les feuilleter tous.

Elle les prit un à un dans la bibliothèque.

Il devait bien y avoir un remède quelconque contre les symptômes de sa mère.


Elle ne trouva rien cependant.

Elle tenta à nouveau sa chance avec le vieux grimoire. Les écritures étaient indéchiffrables, une langue étrangère sans doute.

Elle pensait pouvoir comprendre quelques mots, mais rien n'y faisait, le livre restait hermétique.


Elle abandonna ses recherches, et redescendit.

Elle n'eut pas le courage d'aller voir sa mère, pour lui dire qu'il n'y avait rien.

Vraiment rien pour la sauver, et cette idée commençait à être terrifiante.


Elle s'en alla jusque dans la cuisine, où elle commença à préparer à manger.

Mais le coeur n'y était pas, une fois de plus, elle allait manger seule. Plus le temps passait, et moins elle pouvait discuter avec sa mère.

Elle soupira, et laissa la préparation en plan. Elle sortit, elle avait besoin de prendre l'air.


Une légère brise soufflait dans ses cheveux, et elle se sentit instantanément mieux.

Elle avait paniqué pour rien, elle était certaine... que tout allait s'arranger. Il ne pouvait en être autrement. Elle avait tant prié pour cela.

Rassurée et calmée, elle retourna à l'intérieur.


Alors qu'elle voulait poursuivre la préparation du repas, elle fut stoppée dans son élan par la vue du vieux piano dans le salon.

Elle s'en approcha, puis s'y assit. C'était un bel instrument, qui avait du jouer de bien belles mélodies autrefois.

Elle posa les doigts sur quelques touches et des notes se firent entendre.


Bouleversée, elle sortit à nouveau dehors.

Elle ne savait plus quoi faire, ni même où aller. Elle regarda l'îlot qui faisait face au leur: elle ne pouvait croire que personne n'habitait près d'eux.

Les lieux étaient totalement déserts, mais... tout de même. Qui remplissait le frigo? Elle savait bien que quelqu'un les aidait...


Elle ne put s'empêcher de pleurer. Elle ne pouvait pas concevoir un seul instant de continuer à vivre sans sa mère.

De l'abandonner ici, sur cette île. Elle ne pourrait jamais faire ça, quand bien même elle le lui demandait.

Elle ne saurait pas où aller.


Elles ne savaient rien des autres mondes, pas plus qu'elles ne savaient quelque chose à propos de Mermaidia.

Elle essaya de reprendre son souffle et de sécher ses larmes. Elle ne pouvait pas se montrer dans cet état.

Elle eut l'impression d'être arrivée à un tournant dans sa vie. Devait-elle prendre à gauche, ou bien à droite...?

6 commentaires:

  1. Je veux pas que Vitae disparaisse :(. Ce sera trop triste. En plus, Félicité est magnifique.

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  2. Va-t-elle partir sans rien savoir ou bien va-t-elle finir par trouver quelqu'un avant de partir, telle est la question ! C'est vrai que sa lignée est plutôt pas mal, normal qu'elle soit aussi jolie ! :)

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  3. En tout cas, je suis contente parce que ce que j'ai prévu sur cette ile ne ressemble pas à ton histoire. Tant mieux ! :)

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