23.4.16

Episode 107: Découverte


Une nouvelle journée commençait. Odin avait dormi tard, le temps de récupérer de sa journée de la veille. Il était rentré sans avoir pu prendre de nouvelles de sa soeur, ou même de lui parler. Elle avait refusé de lui ouvrir sa porte, et personne d'autre n'avait réussi à la faire changer d'avis. Il avait dû tout raconter à ses parents, et leur expliquer d'où venait sa blessure, en insistant bien sur le fait qu'elle ne semblait que superficielle. La nouvelle les avait pourtant tous minés, et le jeune homme avait accepté un rendez-vous avec Maëva  pour se changer les idées.

Il était heureux qu'elle veuille toujours le revoir, même si elle l'avait repoussé la dernière fois, quand il s'était rapproché d'elle. Il espérait qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur, et se promit d'être plus sage cette fois-ci. Une promesse qui fut rapidement rompue, puisque dès qu'il la vit, il ne put s'empêcher de la serrer dans ses bras: elle lui apportait une chaleur agréable et indescriptible.

"Je suis content de te voir! Comment vas-tu?
-Bien! Et toi...? Oh! Mais tu es blessé! Que t'est-il arrivé?
-Oh, c'est une histoire assez... étrange. Une griffure, rien de grave."


Il n'avait pas vraiment envie d'en parler, d'autant plus que l'histoire était encore loin d'être réglée. Il lui sourit à nouveau, c'était étrange de voir comme on pouvait se perdre en contemplation dans le regard de quelqu'un.

"Maëva, commença-t-il, je crois que...
-Non. Non, je ne pense pas... le coupa-t-elle."

Il fronça les sourcils. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il allait dire? Il n'avait même pas terminé sa phrase! Un peu interloqué, il la regarda reprendre ses distances. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle était tantôt proche, tantôt distante. Elle semblait hésitante et gênée par ses propres gestes.

"Comment... Comment peux-tu savoir ce que je crois? Je n'ai pas fini! sourit-il en essayant de ne pas perdre confiance.
-Je sais très bien ce que tu vas dire. Cela a un rapport avec le soir dernier, n'est-ce pas?"

Il hocha la tête, un peu alarmé. Etait-elle en train de le repousser, de lui faire comprendre qu'elle... ne partageait pas les sentiments qu'il éprouvait?


"Je ne comprends pas, reprit-il l'air contrit. Je...
-Non, il ne faut pas."

Elle se tenait devant lui, l'air sérieux, les mains dans le dos. Elle semblait tout à coup prendre une pose digne des plus grandes cérémonies, se donnant ainsi des airs inaccessibles. De quoi avait-elle peur? Même s'il lui fallait le repousser, elle pouvait au moins le laisser se déclarer... Il ne pouvait plus continuer de la voir sans lui avoir dit ce qu'il avait sur le coeur.

La jeune femme se sentait légèrement prise au piège. Ce n'était pas le genre de lieu où l'on pouvait faire ce type de déclaration, mais Odin ne connaissait absolument rien de leurs coutumes, c'était un sauvage, comme les habitants de l'île aimaient l'appeler. Et ses manières avaient tout d'un sauvage, même si c'était ces manières-là qui avaient su la charmer... Elle respira longuement, et ajouta d'une voix douce:

"Pas ici, Odin. Viens, trouvons un endroit plus calme, isolé des regards indiscrets..."

Ce fut alors seulement qu'il remarqua tout autour d'eux de nombreuses personnes qui les épiaient du regard, et il se sentit rougir.


Elle l'emmena dans un petit salon aux couleurs orangées. Il y faisait bien plus frais qu'à l'extérieur, et il se sentit tout de suite plus à l'aise. Il n'y avait personne d'autre dans les environs, malgré les grandes ouvertures de la pièce: il y avait une grande fenêtre, et plusieurs arches qui permettaient d'entrer et sortir. De nombreuses plantes vertes, fauteuils et tapis décoraient cet endroit, et ils prirent place dans un coin qui leur semblait confortable.

"Maintenant, lui fit la jeune femme, je suis prêt à t'écouter."

Devant son air déconcerté, Maëva tenta de lui expliquer un peu pourquoi elle l'avait emmené ici.

"Nous... Ici, nous n'avons pas l'habitude d'être aussi direct que vous, surtout dans nos sentiments... On ne peut pas dire je t'aime à n'importe qui, n'importe où. Tu ne pouvais pas te déclarer dehors, devant tant de monde. Tout doit être fais dans la plus stricte intimité, tu comprends?
-C'était si visible que ça, que j'allais te dire que je t'aimais? rétorqua-t-il déçu.
-Tout le monde l'avait remarqué Odin... Depuis... Depuis la dernière fois. Mais ce qui importe, c'est la façon dont on se déclare, il faut que tout soit fait dans les règles. Sinon tu comprends, ça n'a aucune valeur, et... on peut très vite finir au rang de fille ou garçon facile. Vas-y, je t'écoute."


Il lui jeta encore un regard d'incompréhension.

"A quoi bon, si tu sais déjà ce que je vais te dire?
-Parce que ce sont les règles."

Elle lui fit un signe d'encouragement, et il leva les yeux au ciel dans une prière silencieuse, pour se donner du courage. Il n'avait jamais connu de coutumes pareilles, et il lui semblait difficile de retenir toutes les règles de Suvadiva.

"Et bien, je... Je t'aime, déglutit-il avec difficulté."

Apparemment, cela ne suffisait pas, car Maëva continuait de le regarder comme s'il devait y avoir une suite. Que pouvait-il bien lui dire de plus, n'était-ce pas suffisant pour se déclarer?

"Je... D'abord, quand je t'ai vue... Tu étais sur le ponton... Non, pas vraiment, d'abord, tu nous as sauvés, je crois... Mais je ne suis pas certain, à ce moment-là j'étais bien mal en point en fait..."

Il soupira, et elle émit un petit rire sonore. Ses pensées étaient loin d'être en ordre.


"Tu ne m'es pas apparue tout de suite telle que tu es maintenant, je.. J'ai appris à te connaître, et toi à me connaître, même si nous ne venons pas du même monde. Tu as grandie ici, entourée de gens, de ta famille. Moi, je suis né dans la forêt, je n'ai eu pour seule compagnie que ma mère et ma soeur. Et j'ai compris que... Que cette île était ma chance de me construire une nouvelle vie. Et là, je t'ai vue comme une déesse."

Il glissa du canapé, et s'agenouilla devant la jeune femme dont les joues rougissaient au fur et à mesure de son discours, et dont toutes traces de vanité avaient disparu. Il prit délicatement son pied, et l'embrassa.

"Quand je te vois, mon coeur bat plus fort, quand tu n'es plus là, j'ai envie de te revoir. C'est dingue, mais je n'avais jamais ressenti ça auparavant. J'aimerais... que nous soyons plus que des amis. Je voudrais que tu m'appartiennes, que nous vivions ensemble. Tu dois trouver que c'est précipité, mais mes sentiments sont bien réels pour toi! Oh Maëva, comme je t'aime!"


La jeune femme avait cessé de glousser, et au fond d'elle, elle sentait son coeur battre étrangement vite. Elle avait rêvé toute sa vie, toute son enfance et toute son adolescence, d'une déclaration pareille. Maintenant qu'elle y faisait face, elle voyait toutes les portes que cela pouvait lui ouvrir, et ce que cela impliquait vraiment. Mais elle n'avait pas peur, elle était ravie, mais aussi émue. Elle n'avait jamais pensé que le bel étranger noir de la plage puisse lui vouer des sentiments aussi fort, du moins pas jusqu'à la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Elle avait même du refréner ses ardeurs pour faire les choses dans les règles.

Il y avait encore tant de choses à lui apprendre, pour que tout se passe selon les conventions, mais... elle était prête à prendre du temps pour cela. Et pourquoi pas enfreindre quelques lois... Elle trouvait cela très excitant. Ce qui se passait était loin de son quotidien morne et terne, elle bondissait de joie intérieurement. A l'extérieur, elle devait pourtant essayer de garder un visage assez neutre. Il n'était pas bon de montrer de façon excessive ce que l'on ressentait en public.

"Oh, Odin, je... Je voudrais bien partager tout cela avec toi, moi aussi... car j'éprouve les mêmes sentiments."


Elle voulait lui intimer l'ordre de se relever, c'était étrange de voir un homme s'abaisser si bas pour elle, et pourtant, elle devait bien avouer que ce n'était pas du tout désagréable d'être traitée ainsi... Elle retira doucement son pied de sa main pour la lui prendre, et l'aider à se redresser. Elle l'emmena ensuite dans un autre endroit, plus à l'écart encore des regards indiscrets, sur l'un des pontons de la plage.

Il la suivit sans rien dire. Il ne pouvait plus détacher son regard de sa chevelure, de ses courbes, de toute sa féminité. Elle était belle.

"Maëva... Est-ce bien vrai que tu m'aimes?
-Oui, je t'aime."

Elle cligna plusieurs fois des yeux. Sur quel chemin était-elle en train de glisser? Elle venait déjà de transgresser l'une des règles qui interdisait de s'isoler en compagnie de quelqu'un qui venait de vous faire sa déclaration. Parce que les hommes rejetés peuvent vous faire du mal, et que les hommes comblés peuvent aller trop vite en besogne. C'est ce qu'on lui avait toujours appris. Mais Odin ne semblait pas dangereux... Et comment résister à des yeux si noirs?


"Nous... nous ne devrions pas être ici, murmura-t-elle.
-Pourquoi donc?"

Elle lui répéta le précepte qu'on lui avait enseigné à l'école, dès son plus jeune âge.

"Tu as peur que je profite de toi?
-Pas du tout. Je... je ne pense pas que tu sois comme ça... Mais je sais que toi et moi, nous n'avons pas les mêmes coutumes. Il y a beaucoup de choses que tu devrais savoir...
-Tu n'as pas l'air si effrayée que ça de transgresser des règles, remarqua-t-il."

Elle eut un sourire à la fois énigmatique et gêné.

"A vrai dire... toutes les jeunes filles rêvent de rendez-vous secrets avec un homme, mais peu d'entre elles sont dans la capacité de réaliser ce genre d'envie, parce qu'elles sont énormément chaperonnées.
-Et tu n'as pas de chaperon?
-Plus depuis que mes parents ne sont plus là. La société me fait confiance..."

Elle n'avait donc pas peur d'aller au-delà de ce que leurs lois leur imposaient. Il se demandait à quel point les règles pouvaient être imposantes, dans la relation entre deux personnes...


Elle lui prit timidement la main, et il referma les doigts dessus.

"Y-a-t-il autre chose... que je devrais savoir?
-Oui. Nous... Nous n'avons pas le droit au contact physique.
-Au contact physique?"

Odin était dérouté. Cela lui rappelait une histoire que sa mère lui avait contée, quand il était plus jeune: avant que son oncle Kairos ne prenne le pouvoir, il était interdit aux jeunes couples d'avoir une vraie relation avant que l'union n'ait été consacrée. Il avait du mal à croire que de telles coutumes pouvaient exister dans un lieu où la technologie était aussi développée.

"Nous ne pouvons pas nous embrasser, ni nous serrer l'un contre l'autre avant qu'ait été célébré notre mariage.
-Notre... mariage?"

Il n'avait pas du tout songé à cela en se déclarant. S'était-il engagé à l'épouser sans même le savoir?

"Ce... ce sont les règles. Quand un homme se déclare, il promet en quelque sorte le mariage..."

Maëva avait pris une petite voix timide, elle sentait que ses déclarations l'effrayaient: allait-il changer d'avis, et la laisser...?


Il respira un grand coup, avant de reprendre la parole.

"D'accord, je t'épouserai. A une condition.
-Laquelle? demanda-t-elle fébrilement.
-D'abord, offre-moi un baiser."

Elle le regarda avec de grands yeux ronds. Partir en promenade seule avec son promis, c'était une chose! Mais de là à l'embrasser, alors que quiconque pouvait les surprendre, c'était toute une autre histoire!

"Mais... Mais je...
-Juste une fois. Laisse-moi juste connaître le goût de tes lèvres..."

Il se rapprocha, et elle se retrouva bloquée par un pilier dans son dos. Elle ne savait pas quoi lui répondre, elle n'avait jamais pensé à transgresser la loi de cette façon là. Elle n'avait pas peur, elle était simplement... Surprise. Déroutée. Pouvait-on vraiment avoir envie de faire de telles choses, d'en être excitée, alors qu'on lui avait toujours appris que c'était... mal?


Il lui prit la main, puis le menton. Odin était un jeune homme fort, vigoureux et en pleine santé, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il savait contrôler ses émotions et les réactions de son corps. On ne lui avait jamais imposé aucune restriction, surtout pas en ce qui concernait les sentiments et les émotions. Même s'il ne comprenait pas bien la réserve de la jeune femme, il essayait de ne pas la brusquer. Mais il avait vraiment envie de la sentir contre lui, juste une fois... Il n'était même pas sûr de savoir vers quoi il s'engageait. Il ne savait qu'une chose: il l'aimait. De ça, il était sûr, depuis le moment où elle l'avait repoussé, ce soir-là sur la plage.

Soudain, elle se jeta dans ses bras et il la serra contre lui. Leurs lèvres se scellèrent l'une contre l'autre, et Odin fut surpris de constater que la bouche de la jeune femme avait un léger goût salé. Certainement l'influence de la vie en bord de mer...

Lui comme elle, c'était la première fois qu'ils embrassaient quelqu'un. La sensation était étrange, pas tout à fait comme ils l'avaient imaginé, ni même avec la personne dont ils avaient pu rêver. Mais ils s'étaient trouvés, et c'était finalement la meilleure chose qui leur était arrivée.


Maëva sentait un étrange frisson la parcourir de la tête au pied, et une chaleur l'envahir au niveau du visage. Ce ne pouvait pas être le soleil, ils se trouvaient à l'abri de ses rayons sous le ponton de bois. Elle aurait voulu que ce baiser dure toujours, et elle comprenait pourquoi on leur interdisait d'embrasser un partenaire avant la cérémonie du mariage: il allait être difficile de se passer de ce genre de contact à présent...

Quand ils se séparèrent, elle passa furtivement la langue sur sa propre bouche. Jamais personne ne l'avait touchée à cet endroit, et elle ne pensait pas que cela puisse être aussi agréable.

"Ça... ça t'a plu? demanda-t-il maladroitement.
-Beaucoup. Et toi? Es-tu satisfait?"

Il hocha la tête en signe d'acquiescement. Il voulait la reprendre dans ses bras, mais il n'osait pas: il avait été sauvé puis invité à vivre sur cette île par ses habitants, il ne voulait pas commencer sa nouvelle vie en violant une à une toutes les règles de vie commune.


Ils se posèrent sur le banc qui se trouvait derrière eux et s'y installèrent, le coeur battant. De toutes nouvelles émotions s'offraient à eux, et une perspective d'avenir se dessinait peu à peu. Odin savait bien moins à quoi s'attendre que la jeune femme, mais il préférait se concentrer sur l'instant présent: il n'avait jamais aimé planifier sa vie. Qui vivra verra, comme il aimait le dire.

"Il ne faudra surtout dire à personne que... que nous nous sommes... embrassés, dit la jeune femme après un moment de silence bienheureux.
-Je ne dirais rien. Mais je serai bien curieux de savoir ce qui pourrait nous arriver, si quelqu'un venait à le découvrir..."

Elle haussa les épaules, avant de répondre.

"Généralement, dans ce genre d'affaires, on passe devant une sorte de tribunal... Mais il n'en ressort jamais rien de bon. On peut être exclus et envoyé dans une colonie pas très réputée, ce genre de choses..."

Odin se demandait bien en quoi avoir un contact physique avec quelqu'un pouvait être condamnable, mais il n'osa pas formuler ses questions à voix haute.


Il se releva, et enfila l'aéropropulseur qu'elle lui avait donné.

"Viens, allons sur la plage.
-Tu crois?
-Il n'y a l'air d'avoir personne... Et puis, qui saura que nous sommes prêts à être ensemble?
-Les gens nous ont vus entrer dans la salle des déclarations, ils ne sont pas bêtes."

Il haussa les épaules et insista. Elle le le suivit, ravie d'enfreindre une nouvelle règle: la vie sur l'île était trop paisible pour qu'on puisse se refuser le plaisir de quelques infractions.

"Tu décolles avec moi? demanda-t-il en la tenant par la taille?
-Quoi? Pas question! Je t'ai déjà expliqué pourquoi je ne voulais pas...
-Mais je te tiendrais fort, tu n'as rien à craindre.
-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée... Odin!!"

Sans l'écouter, il avait commencé à faire décoller l'engin, et ils s'élevaient doucement dans les airs.


Il la sentit se crisper, et resserra son étreinte pour la rassurer.

"Tout va bien, tu vois bien que je te tiens.
-Je ne suis pas rassurée du tout, redescends Odin!
-Mais non, regarde... On voit le toit des maisons, et l'horizon bien au-delà de l'océan..."

Elle tourna légèrement la tête pour regarder dans la direction qu'il lui indiquait, et se détendit en s'apercevant qu'il ne la lâchait pas d'un centimètre.

"C'est... C'est beau.
-Oui.
-C'est marrant comme on peut voir les choses différemment, selon l'angle de vue..."

Quand elle se fut rassasiée de cette vue, et qu'elle voulut à nouveau se plonger dans le regard du jeune homme, il lui vola un baiser.

"Odin! Non! Tu... Tu sais bien que nous ne pouvons pas...
-Oui, j'ai compris."


Il la fit redescendre doucement à terre. La journée se terminait, une fois de plus. Ils avaient droit à un magnifique coucher de soleil ce soir-là, et le ciel se teintait de violets et roses tous plus beaux les uns que les autres.

"Il vaut mieux nous quitter, lui fit la jeune femme.
-Quand nous reverrons-nous? Demain?
-Si tu as le temps de passer... Je crois que tu ne devrais pas négliger ta famille, ajouta-t-elle avec un sourire.
-Ce n'est pas le cas.
-Bien. Alors, passe quand tu veux... Nous officialiserons notre couple, à ce moment-là..."

Il hocha la tête, lui caressa la joue et s'en retourna chez lui. L'île était étrangement calme durant ce moment de la journée, et il appréciait toujours de n'entendre que le vent, et parfois le chant d'un oiseau multicolore. Ses yeux brillaient, non seulement parce que les couleurs du ciel s'y reflétaient, mais aussi parce qu'il était heureux comme jamais. La découverte de l'amour, ce n'était pas tous les jours.


La lune elle-même semblait se réjouir de cette belle journée, et elle s'était colorée de quelques teintes comme le rose, l'orangé et le vert. C'était une lune magnifique, dans un lieu paradisiaque. Que demander de plus?

Cependant, l'astre lui rappela que sa soeur était dans un état lamentable, et qu'il ne s'en était pas soucié une seule seconde aujourd'hui. Etait-il à ce point sans coeur...?

Il s'avança sur le ponton de bois, et dépassa la porte de sa chambre. Il voulait aller parler à Freya, mais... Depuis la veille, elle avait refusé de voir qui que se soit. Il se rapprocha de ses appartements, et une fois face à la porte, il essaya de toquer. Il tendit l'oreille, mais pas un bruit ne venait troubler le calme apparent.

Il toqua une nouvelle fois, sans réponse. Elle était têtue, et quand elle avait décidé quelque chose...

"Elle ne t'ouvrira pas, lui fit une voix douce."


C'était Azalée. Ses yeux étaient légèrement rouges, elle avait dû pleurer une bonne partie de la journée, et Odin s'en voulut encore davantage d'être parti aussi longtemps.

"Je suis désolé, j'étais avec...
-Avec Maëva. Oui, je sais. Vous avez passé une bonne journée?"

Elle ne semblait pas en colère, mais plutôt heureuse pour lui. Il se détendit, et hocha la tête.

"Oui, elle est très... gentille.
-Tant mieux. Je l'ai tout de suite appréciée, et puis sans elle, nous ne serions pas ici! Il faudra que tu l'invites à venir manger avec nous, un de ces quatre. Ça ferait plaisir à ton père aussi.
-Elle en serait enchantée."

Puis, Azalée s'excusa: elle était fatiguée, et il était grand temps pour elle d'aller se coucher. Il la laissa regagner sa couche, et il fixa un bon moment la lune qui terminait de se lever, avant de s'isoler à son tour dans sa chambre.

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